Comme toute organisation humaine, l’UNAF a connu dans son histoire des « hauts et des bas », des conflits internes allant jusqu’à des ruptures, mais aussi des réformes positives qui lui ont permis progressivement de se hisser au niveau d’un véritable « parlement des familles ».
A la Libération, s’ouvre une première période de « participation » à la nouvelle Institution -qu’est l’UNAF et ses Unions Départementales – de militants et de responsables des Mouvements Familiaux exprimant les aspirations des différents milieux sociaux.
Mais en 1949, c’est la rupture. Constatant la reprise en mains de l’Institution par les éléments les plus conservateurs et l’éviction de leurs militants des postes importants de la représentation familiale (Conseil Economique, Présence de la Commission de la Famille Ouvrière notamment), les Associations Familiales Ouvrières décident de leur retrait des Unions d’Associations Familiales.
Il s’ensuivra une période de quinze années qui verra l’Institution aux mains des seuls éléments familiaux traditionnels et donc connaîtra une certaine « notabilisation » de ses dirigeants en même temps qu’un certain appauvrissement de sa pensée.
Dans le début des années 60, l’idée d’une réforme de l’Institution fait son chemin au sein des mouvements familiaux. Une « Table Ronde des Organisations Familiales Populaires » est organisée le 14 novembre 1960 à l’initiative de la Confédération Syndicale des Familles et qui regroupe, outre la CSF, la Confédération Nationale des APF, le groupement des Equipes Familiales Ouvrières de FFF, la Famille du Cheminot, l’Entraide aux foyers ouvriers.
Dans le même temps, un courant rénovateur pousse l’Institution à une reprise des contacts en direction des Mouvements Familiaux, adhérents ou non à l’UNAF.
Cela aboutit en janvier 1962 à la mise en place d’une « Commission d’Action de l’UNAF » qui regroupe 20 mouvements familiaux sur 22. Cette commission élira 6 délégués ayant voix consultative auprès des instances de l’UNAF.
Ainsi s’amorçait la première étape d’une réforme de l’Institution. : celle d’un protocole d’accord entre l’UNAF et les Mouvements Familiaux.
En janvier 1964, le Congrès du Mouvement Familial, réunissant 1300 délégués, fait passer un vent de renouveau et de remise en cause des conceptions et des attitudes du mouvement familial. Il est beaucoup question de démocratisation, de révisions des objectifs et des structures du mouvement familial.
Un groupe d’études est alors mis en place pour rechercher les moyens propres à adapter l’action familiale institutionnelle et les structures des Unions pour une participation des Mouvements Familiaux.
Le travail des membres de ce groupe aboutit à la rédaction d’un Protocole d’Accord entre l’UNAF et les Mouvements Familiaux, adopté en Assemblée Générale en juin 1965 à une large majorité (91 %) par vote familial.
Le Protocole d’Accord ouvre une période expérimentale permettant aux deux partenaires de vérifier, sur plusieurs années, la crédibilité d’une représentation institutionnelle des intérêts familiaux, de caractère pluraliste et assumée démocratiquement.
Dans leurs Assemblées Générales respectives, la Confédération Syndicale des Familles et la Confédération Nationale des Associations Populaires Familiales approuvent alors le Protocole d’Accord et décident d’adhérer à l’UNAF.
Tout au long de ces trois années, des discussions approfondies vont se dérouler au sein du mouvement familial.
L’Assemblée Générale de l’UNAF en juin 1972 ouvre le débat de fond. Le rapport moral, présenté par le Président Roger Burnel, se livre à une analyse critique et autocritique de l’UNAF et des UDAF et débouche sur deux questions fondamentales :
• Faut-il modifier l’article 1er du Code de la Famille où sont définies les exigences concernant les familles pouvant être adhérentes de plein droit aux associations familiales ?
• Faut-il procéder à des réformes de structures dans la réglementation et les statuts de l’UNAF (mais aussi des UDAF) en vue d’établir les rapports et la place des mouvements familiaux avec l’institution familiale ?
De 1972 à 1974, la réforme de l’UNAF fait l’objet de nombreux débats internes tant dans les mouvements qu’au plan des UDAF.
Deux Assemblées Générales lui sont consacrées en 1973.
Enfin, c’est l’Assemblée Générale statutaire de juin 1974 qui adopte (au vote familial) à 82 % des suffrages exprimés, les nouveaux textes des statuts et du règlement intérieur.
Ces textes, aujourd’hui les nôtres, portent les orientations fondamentales suivantes :
• L’ouverture de l’UNAF à toutes les catégories de familles et notamment aux couples mariés sans enfant, aux personnes physiques exerçant l’autorité parentale et aux familles étrangères établies en France.
• L’élargissement des membres actifs constituant des Unions .
– Les UDAF et les Mouvements familiaux nationaux constituent l’UNAF
– Les Associations Familiales et les Fédérations départementales des Mouvements Familiaux constituent les UDAF
– Tous les membres actifs sont égaux, en devoirs et en droits, dans l’UNAF et dans les UDAF qu’ils constituent.
Les décisions de l’UNAF, de par sa nature institutionnelle, nécessitaient à cet égard un vote au Parlement. La réforme légale de l’UNAF est donc votée à l’unanimité (abstention du PCF) le 11 juillet 1975 (loi n°75-629 promulguée au JO du 13.07.75).